De leur côté, les Allemands
conscients de leur infériorité numérique reprennent
la guerre sous-marine à outrance pour contraindre l'Angleterre
à capituler. Des navires civils américains sont envoyés
par le fond, ce qui pousse Wilson, le président américain,
à entrer en guerre contre l'Allemagne le 2 avril.
En France, à mesure que la guerre
s'allonge, la remise en cause du général Joffre s'accentue.
On lui reproche tout ; l'état d'impréparation de Verdun
au moment de l'attaque allemande et les pertes très lourdes subies
sur la Somme au regard de progrès minimes.
Début 1917, le parlement engage un bras de fer avec le gouvernement
pour son remplacement. Au même moment, le général
Nivelle devient commandant en chef des armées du Nord et du Nord-Est.
Quand Nivelle reçoit le pouvoir de diriger les armées britannique
et belge sans passer par Joffre, ce dernier remet sa démission
qui est acceptée.
Le même jour, le président Poincaré le nomme Maréchal
de France, recréant ainsi une dignité tombée dans
l'oubli depuis longtemps.
Nivelle prévoit une offensive dès le mois de février
1917 sur le Chemin des Dames, sur le front de la Somme en Picardie, et
nomme Mangin, son compagnon de Verdun, à la tête de la 6e
armée. Il apparaît vite que le mois de février est
une date beaucoup trop précoce pour le lancement d'une offensive
d'envergure. Elle est finalement fixée au 16 avril.
Si certains généraux émettent
des réserves, la majorité des Poilus croit en un succès
important, si ce n'est décisif, mais la désillusion risque
d'être aussi importante.
A la veille de l'offensive, le moral est donc globalement bon, mais un
premier fléchissement a été observé durant
l'hiver 1916/1917, les hommes se plaignaient de la nourriture, de l'absence
de permissions, des vêtements et enfin des corvées. L'impéritie
et l'indifférence des chefs sont mises en cause.
Les conditions premières du succès
de " l'offensive Nivelle " sont la surprise, la violence brutale
et la rapidité. Nivelle est tellement persuadé de leurs
pouvoirs, qu'il néglige purement et simplement la nature du terrain
et le dispositif allemand. En ce qui concerne la surprise, rarement secret
aura été aussi mal gardé, des cartes et des plans
de manuvre sont dérobés par les Allemands peu avant
l'offensive. Les prisonniers allemands capturés le 16 avril diront
d'ailleurs qu'ils connaissaient la date et même l'heure de l'attaque.
Les mesures sont vite prises. En face de la 5e et 6e armée, les
forces allemandes signalées en janvier à 9 divisions passent
à 18 début avril, ce qui signifie une augmentation des effectifs
de 100%. En ce qui concerne l'artillerie, le nombre de batteries est passé
de 53 à 392 sur l'ensemble du front. Derrière le front,
au moins 15 divisions sont en mesure d'intervenir rapidement. Si une division
de 1ère ligne cède, elle peut être immédiatement
remplacée par une autre.
Le 16 avril au matin, il pleut et il fait
très froid. A 6 heures, 17 divisions passent à l'attaque.
Malgré des débuts très prometteurs, les premières
lignes étant rapidement franchies, les combattants sont stoppés
par un puissant barrage de mitrailleuses qui brisent leur élan,
les pertes sont très lourdes. Les deux vagues d'assaut qui se suivent
à une demi-heure d'intervalle viennent se mélanger aux débris
des éléments de tête, devant les pertes, elles refluent.
Le barrage roulant d'artillerie continue son avance devenue inutile et
les généraux le font rectifier. Ils le fixent d'abord sur
une ligne prévue à H + 1 h 30, puis le reculent à
H + 0 h 30, ce qui en dit long sur l'ampleur de l'échec.
Les retours en arrière du barrage ne conviennent guère à
Nivelle qui se refuse à voir la vérité, il ordonne
à 10 heures aux unités de continuer à progresser.
Les pertes sont tellement sérieuses que les troupes ne peuvent
évidemment plus avancer.
En fin de journée, il est évident que la rupture n'est réussie
nulle part, mais Nivelle ne peut se résoudre à arrêter
son offensive. Dans la matinée du 17, la lutte se poursuit sur
une plus petite échelle que la veille et les progrès sont
rares. Les combattants essayent de rectifier les positions précaires
prises la veille. Il en sera de même jusqu'au 20 avril.
L'avance est dérisoire, 500 mètres
à 2,5 kilomètres. Le 22 avril, Nivelle conçoit un
nouveau plan consistant en une attaque en tenaille, mais les critiques
commencent à voir le jour, non seulement au gouvernement et au
parlement, mais aussi au sein même de l'armée. Finalement,
il est limogé avec Mangin le 15 mai et remplacé le 16 par
Pétain.
Après cette offensive ratée, le moral des troupes est au
plus bas. Les soldats en ont assez des erreurs de leurs chefs pour lesquelles
tant de leurs camarades tombent. Ils en ont assez de cette guerre qui
dure depuis trop longtemps et dont ils ne voient pas la fin, de leur condition
d'oubliés face aux bourgeois qui vivent aisément à
Paris. Des mutineries éclatent à partir de mai et touchent
30 à 40.000 hommes qui refusent de remonter au front.
Pétain prend ses nouvelles fonctions et doit tout d'abord réduire
la rébellion. D'un côté, il rend visite aux soldats
et améliore les conditions de vie, écoute leurs revendications,
augmente les permissions, veille au moral des hommes et distribue des
récompenses. De l'autre, il éloigne des unités gangrenées
et réprime sévèrement. Les tribunaux militaires prononcent
3427 condamnations dont 564 à mort. 45 mutins doivent être
exécutés, 43 le seront. A sept reprises, Pétain refuse
de transmettre les recours en grâce au Président de la République.
Autour de Verdun, la reconquête française
sur la rive gauche se poursuit. Le Mort-Homme et la Cote 304 sont repris
en août, tandis que sur la rive droite, les Français améliorent
quelque peu leurs positions. Il s'agit pour l'essentiel d'attaques localisées
destinées à redonner le moral aux Poilus après les
mutineries et l'épreuve du Chemin des Dames.
Après avoir dominé les mutineries,
répondu aux revendications des soldats et rétabli la confiance
dans le commandement, l'action de Pétain a permis de rendre la
poursuite de la guerre " acceptable ". De leur côté,
les révoltes ont réussi à imposer au commandement
une autre façon de conduire la guerre.
Reprise de la
guerre de mouvement :
1918 - La victoire des alliés
Les Etats-Unis entrent en guerre d'une
manière effective, apportant une aide tant militaire qu'économique,
le général Foch prend alors le commandement de toutes les
forces alliées.
L'ultime offensive allemande en Champagne
en juillet 1918 est stoppée par Foch qui lance une contre-attaque
alliée qui s'élargit à tous les fronts.
Le 12 septembre, le général américain Pershing lance
la 1ère attaque victorieuse contre le saillant de Saint-Mihiel
et fait 16.000 prisonniers allemands.
Le 26, lors de la difficile offensive de Meuse et d'Argonne (Varennes
Montfaucon Stenay), l'armée américaine remporte, au prix
de pertes considérables d'environ 117.000 hommes, une victoire
retentissante
A bout de souffle, dominée numériquement
et matériellement, l'Allemagne, au bord de la guerre civile, capitule.
L'Armistice est signé à Rethondes le 11 novembre et entre
en vigueur à 11 heures du matin...

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