1er avril
Rive droite
Sur cette rive, débute la véritable guerre d'usure qui va prédominer jusqu'en novembre.
Français à Allemand vont poursuivre leurs combats acharnés et féroces sur des espaces très restreints, avançant et reculant sans cesse, saignant les régiments pour des gains de terrains de quelques mètres à peine. Certaines grandes attaques vont se démarquer comme la grande offensive française pour tenter de reprendre le fort de Douaumont en mai, le siège puis la prise du fort de Vaux par les Allemands en juin ou l'ultime effort allemand vers la ville de Verdun en juillet. Mais dans les autres secteurs du fronts, ça ne va être qu'une succession d'assauts et de contre-assauts.
Cette stagnation inévitable à laquelle les Allemands doivent se résigner, eux qui souhaitaient une percé éclair, et visible par l'apparition de leur côté de gros lanceurs de mines, symbole de la guerre d'usure...


A 4 h 30, le 31e B.C.P. lance une attaque sur les pentes de Vaux. La manœuvre réussit à droite mais à gauche, les compagnies sont clouées au sol par les grenades allemandes. Devant la force du tir ennemi, elles doivent même abandonner leur positions.
Elles sont réoccupées dans la matinée avec l'aide du 158e R.I.

A 16 h, les Allemands lancent une violente attaque près de Vaux mais ils sont repoussés. La ligne française est sauve mais 340 hommes et 18 officiers du 31e B.C.P. ont été soit blessés soit tués.
Témoignage du commandant P. : " Pour qui se plonge dans l'étude de la bataille de Verdun, c'est un émerveillement perpétuel que ce constant et rapide équilibre de nos moyens et de nos besoins. Nous perdons beaucoup d'hommes parce que le matériel nous fait défaut, mais c'est en vain que l'adversaire s'efforce de nous réduire et par l'avalanche de ses obus et par ses attaques à la perfection mathématique : plus la poussée est puissante, et plus la résistance devient flexible et tenace. "

Rive gauche
Comme nous l'avons vu plus avant, les Allemands s'activent depuis la 16 mars sur la rive gauche, à conquérir non seulement le Mort-Homme mais également la côte 304 qui offre une vue stratégique sur ce dernier.
En effet, tant que la côte 304 est aux mains des Français, les attaques sur le Mort-Homme sont trop dangereuses.
Ils ont tout abord attaqués le bois de Malancourt-Avocourt le 20 mars gagnant un important terrain. Puis, à partir du 21, ont lancé successivement de méthodiques assauts par le nord, le nord-ouest et l'ouest, visant à grignoter petit à petit les positions qui les séparent de la côte 304.
Ces assauts vont les occuper jusqu'au 8 avril...

Le 1er avril, le bombardement allemand est ininterrompu sur toutes les positions françaises.

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2 avril - Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
A 4 h 30, le 1er bataillon du 149e R.I. part à l'attaque du village de Vaux. Après avoir reconquis quelques ruines de maisons, les hommes sont contraints à s'arrêter, soumis à un formidable bombardement et aux tirs d'une 10e de mitrailleuses.
Bientôt, une forte contre-attaque allemande se rue sur les Français et un furieux corps à corps s'engage. Les survivants français doivent se retrancher vers leur position initiale.
A la gauche du 149e R.I., le 31e B.C.P. parvient à s'emparer d'une tranchée allemande. Mais il est ensuite soumis à un bombardement infernal qui le contraint à se replier

Vers 15 h, de la fontaine de Morchée au ravin de l'étang de Vaux, violente attaque allemande.
Sur le front du 360e R.I., face au bois de Morchée et devant la ferme de Thiaumont, l'attaque échoue mais les pertes françaises sont importantes.
Devant le 269e R.I., au sud du fort de Douaumont, un 1er assaut échoue mais une seconde tentative parvient à pénétrer dans la tranchée de Morchée et dans une partie du bois de la Caillette. Par cette manœuvre, l'ennemi est parvenu à ouvrir une profonde brèche dans les lignes françaises.
Pétain donne l'ordre à la 5e D.I. (36e, 74e, 129e et 274e R.I.) arrivée de la Somme de 1er, de se mettre en marche en urgence vers Verdun. Cette division est commandé par le général Mangin qui jouera plus tard un rôle important dans l'histoire de la bataille de Verdun.
Pétain réitère de plus sa demande de nouvelle troupe. Joffre lui répond en ses termes qui ne laissent aucune équivoque : " Vous connaissez la situation générale de l'ennemi et celle des forces françaises. Vous devez en conséquence tout faire pour que je ne sois pas obligé, dés maintenant, de faire appel au dernier corps frais que j'ai disponible "

Rive gauche
Ce n'est que le 2 avril, en fin d'après-midi, que les Allemands se rendent compte que les Français ont abandonné le bois Carré (le 30 mars). Ils occupent aussitôt les anciennes tranchées françaises et les fortifient.

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3 avril - Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
C'est le 74e R.I. qui reçoit la dure mission de résorber la brèche ouverte la veille.
Après une marche de 18 h, effectuée à l'arrivée sous le bombardement, il part à l'assaut à 4 h 30.
Sa progression est lente mais après un violent et long combat rapproché, il rejette en partie les Allemands vers l'arrière et referme la brèche (seule la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux restent aux mains de l'ennemi).

Les pertes ont été nombreuses et les hommes encore valide sont à bout de force. Ils se barricadent sur place, face à l'ennemi.
Toute la journée, sur le reste du front droit, le bombardement allemand est très violent.

Rive gauche
Dans la nuit, une nouvelle tentative ennemie sur le bois d'Avocourt est repoussée.

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4 avril
Rive droite
Dès l'aube, sur les pentes du fort de Douaumont et le bois de Morchée, tenues par le 129e R.I., un violent bombardement allemand par obus de 150 et 210 nivelle chaque m² de terrain. Les hommes se blotissent au font de leurs tranchées. L'attaque qui suit ce bombardement parvient à être repoussée à la grenade.

A 11 h 30, au nord-ouest de l'ouvrage de Thiaumont, l'ennemi s'infiltre sur la droite mais il est repoussé par des éléments du 1er bataillon du 118e R.I.

Au cours de l'après-midi, de nombreux obus français tombent sur leurs propres lignes.
T
émoignage de Frédéric BAYON, soldat au 126e R.I. : " Ce jour néfaste d'avril, ce fut notre artillerie qui se chargea de nous "sonner" et avec du 155 encore, cela pendant plus d'une heure : tantôt quelques mètres en arrière de notre tranchée, tantôt en avant la terre nous retombant dessus en pluie, les éclats froufroutant et se fichant tout brûlants dans nos parapets, frappant même les couvertures roulées sur mon sac que j'avais posé sur ma tête pour laisser passer l'averse ; et, plus ça tombait près, plus j'entendais rire aux éclats les Boches dont les tranchées n'étaient pas à 20 mètres des nôtres.
Sans discontinuer, les fusées rouges montaient, demandant l'allongement du tir, cependant que notre colonel s'arrachait les cheveux dans son P.C. en criant : "Les salauds ! Ils tirent sur mon régiment…""

A 19 h, les Allemands tentent de reprendre au 74e R.I. (1er bataillon) le terrain qu'ils ont perdu la veille. Ils chargent la tranchée des Chasseur mais ne parviennent pas à passer le barrage français.
A 19 h 30, le 1er bataillon du 74e passe à l'attaque à son tour mais il est également renvoyé sur ses positions.

Rive gauche
Les obus allemands s'acharnent sur les positions françaises et plus particulièrement sur le village de Haucourt. A 14 h, l'ennemi attaque le village mais ne peut y entrer.

Pendant la nuit, l'artillerie française tente de répondre de son mieux aux obus allemands.


Batteries de 75 en plaine action

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5 avril - Perte du village de Palavas (rive gauche)
Rive droite
A matin, le 1er bataillon du 74e R.I. repousse une nouvelle attaque mais subit de lourdes pertes.

Vers 16 h, il part à l'assaut et parvient cette fois-ci à prendre une partie du boyau Hans. Il réalise ainsi une importante progression.

Rive gauche
Le bombardement allemand est très violent sur les villages de Haucourt, Vassincourt et Palavas. Les forces françaises qui tiennent ses positions sont littéralement broyées sous les obus et succombent petit à petit.

Témoignage de Lucien JOURDAN, sergent au 48e R.I. : " Je mets la tête hors du boyau pour essayer de reconnaître les morts qui sont étendus là. Seul, car tout le monde est terré, je suis épouvanté devant ce gigantesque charnier et suffoqué par l'odeur qui s'en dégage.
A perte de vue, la terre est recouverte de cadavres : tout est changé : les vivants sont sous terre et les morts sur la terre "

A 16 h, malgré un pilonnage français assez soutenu, l'ennemi se lance à l'attaque sur Palavas. A 18 h, le village de Palavas est perdu. Un seul survivant français parviendra à rejoindre les 2e lignes.

A la nuit, 2 bataillons du 26e et un du 153e R.I. reçoivent l'ordre de contre-attaquer le village perdu. Mais il est trop tard pour espérer une reconquête du village. Ils se mettent néanmoins en route.

Sur Béthincourt, un bataillon du 37e R.I. repousse une attaque allemande.

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6 avril
Rive droite
De 7 h à 14 h, sur les pentes du fort de Douaumont et le bois Morchée, tenues par le 129e R.I., même bombardement que le 4 avril.
Après 14 h, une attaque allemande est repoussée par les canons et les fusils français.
Le 3e bataillon du 129e R.I. reçoit l'ordre de poursuivre l'effort entrepris le 4 avril, et de reprendre la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux qui ont été perdus le 2 avril. D'un seul élan, les 9e et 10e compagnies s'élancent et reprennent le terrain.

Plus tard, 2 contre-attaques allemandes sont repoussées mais les pertes françaises sont importantes.

Rive gauche
Vers 4 h 40, les 3 bataillons (26e R.I et 153e R.I.) partis la veille au soir, s'avancent sous le barrage allemand et viennent s'enterrer devant le village de Palavas. Le bombardement est si important et la situation si précaire qu'une tentative d'attaque est insensée.
Cette action, réalisée trop tard, ne permet donc pas la reconquête du village, mais stop néanmoins l'ennemi et l'empêche de continuer sa progression au delà du village.

Les 2e et 3e bataillons du 59e R.I. s'emparent de la lisière sud du bois d'Avocourt.
La 4e compagnie du 83e R.I. s'empare de la corne ouest du bois d'Avocourt avant que les Allemands aient pu tirer un coup de fusil. Elle s'organise sur la position qu'elle vient de conquérir. Plus tard, elle repousse plusieurs retours offensifs.

Du côté français, en dépit des combats qui continuent, la journée est passée à tenter de rétablir la liaison entre les différents éléments isolés sur le champ de bataille, et les nombreux tronçons et boyaux.

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7 avril
Rive droite
Le 129e R.I. est toujours en ligne sur les pentes du fort de Douaumont et le bois de Morchée. Il tient le secteur depuis 4 jours et ses forces commencent à s'amenuiser.
Des éléments du 3e bataillon ont repris des positions ennemis, la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux. Et les hommes vivent à présent au milieu des cadavres allemands et français durcis par le froid. L'eau manque cruellement et le ravitaillement ne passe plus. La fatigue, les privations, la peur, la tension nerveuse commencent à rendre les corps douloureux. Les cartouchières et les caisses de grenades se vident peu à peu.

Dans la matinée, ces hommes repoussent 4 nouvelles attaques.. A la 5e, ils sont débordés et contraint malgré eux à évacuer la tranchée Morchée.

L'après-midi, l'habituel bombardement allemand reprend.

Rive gauche
Au matin, 2 compagnies du 37e R.I. dans le secteur de Palavas, tentent de reprendre un élément de tranchée devant eux. C'est un échec.

Jusqu'à 17 h, violent bombardement allemand par obus lacrymogènes et de gros calibres au sud d'Haucourt, positions tenues par le 153e R.I.

A 17 h 30, l'ennemi s'élance et s'empare des villages de Peyrou et de Vassincourt. Le 153e R.I. doit se replier sur le bois Camard.
Aussitôt, plusieurs bataillons du 146e R.I. sont alertés et montent en ligne à Montzéville. Ils s'avancent entre le bois Camard et le bois Equerre.
Le 160e R.I. se positionne au village de Vigneville.
Le 156e R.I. qui est en réserve, se prépare.
De son côté, le 26e R.I. devant Palavas depuis la veille, résiste énergiquement.

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8 avril - Perte du village de Béthincourt (rive gauche)
Rive droite
A 3 h, le 129e R.I. subit une nouvelle attaque à la grenade. Il doit céder un poste ainsi qu'une barricade. Il contre-attaque à la baïonnette et rétablit la situation.

Toute la journée, le bombardement de très gros calibres s'abat sur le fort de Vaux et ses alentours.

Au soir, les 36e et 129e R.I. lancent une attaque sur les tranchées Couderc et Morchée. Les hommes parviennent à enlever la 1ère ligne et à progresser dans la seconde.

Rive gauche
Deux bataillons du 160e R.I. et 1 du 146e reçoivent l'ordre de reprendre les ouvrages perdus la veille (ouvrages de Vassincourt, Peyrou et Palavas). Ils doivent s'élancer à 4 h de la pointe nord du bois Camard et de la lisière sud du bois Equerre. Cependant, suite aux pertes subies durant le bombardement allemand, l'attaque ne peut avoir lieu.

Au soir, suite à l'avance qu'ont réalisée les Allemands les jours précédents, les positions françaises au sud du ruisseau des Forges sont devenue très précaires. Ainsi, le village de Béthincourt est encerclé aux ¾. Le général Pétain donne l'ordre d'évacuer le village pendant la nuit.
Les nouvelles positions en retrait sont renforcées par la 11e D.I. (26e, 37e, 69e et 79e R.I.) et la 39e (146e, 153e, 156e et 160e R.I.).

" Tous les combats du 4 au 8 avril ont coûté de grosses pertes à la 21e brigade ; 20 officiers et 800 hommes environ au 26e R.I., plus de 30 officiers et de 1 300 hommes au 69e. L'artillerie de campagne a tiré 120 000 coups pendant la nuit du 5 au 6 et la journée du 6. "


Le champ de bataille de Verdun tel qu'il sera à la fin de l'année


Front au 8 avril 1916

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9 avril - Perte de la cote 295 du Mort-Homme (rive gauche)

Pétain et Poincaré:

En plus des réticences que Joffre témoigne à lui envoyer les troupes fraîches qu'il demande, Pétain doit faire face à l'incompréhension des politiques de l'arrière.
Le président de la République Mr Poincaré, loin de la réalité de Verdun, ne comprend pas pourquoi les surfaces de terrain reprises à l'ennemi sont si minuscules. Ou souvent, un seul nom de tranchée reconquise en mentionné dans les communiqués.
Lorsqu'il regarde la carte du front, le président voit le fort de Douaumont à 400 m des positions françaises les plus avancées. Et il lui semble qu'une forte offensive vite mise sur pied et rapidement menée peut facilement reconquérir ces 400 m et reprendre le fort de Douaumont (succès qui aurait un retentissement immense). Cependant, lorsqu'il s'entretient avec Pétain, ce dernier émet de grosses réserves pensant à l'inverse que ce n'est pas le bon moment et qu'une contre-offensive doit être préparée très méticuleusement.
Témoignage du général Pétain : " Le Grand Quartier Général ne voyait pas l'ensemble de nos difficultés. Il lui semblait que la lutte prenait une allure traînante et que nos réactions tardaient. Comme j'avais rendu compte, le 8 avril, d'un redressement de nos lignes au sud de Béthincourt, point d'appui formant désormais un saillant inutile en avant de notre " position de résistance ", je recevais aussitôt l'ordre de rétablir le statu quo ante par " une vigoureuse et puissante offensive à exécuter dans les plus bref délai "…
Je répliquai par un télégramme : " La situation sur la rive gauche n'est pas mauvaise. J'espère arriver à arrêter complètement l'ennemi. Mais le choix de la position a une très grande importance. Je demande donc qu'on me fasse confiance et qu'on ne se laisse pas impressionner par quelques reculs partiels prémédités."

Cette prudence dont fait preuve Pétain, qui connaît les dures conditions de combat, la ténacité de l'adversaire et la situation actuelle, n'est pas comprise par les politiciens de Paris, et interprétée comme une certaine passivité. Cette situation commence peu à peu à agacer au ministère, et cela conduire finalement à son remplacement futur...

Cependant, pour le moment, Pétain fait tout ce qu'il peut avec les moyens dont il dispose, et il n'est pas du tout " passif ". Il s'inquiète notamment sur la nécessité d'augmenter le nombre d'avion qui est très inférieur à celui des Allemands.
Depuis peu, l'aviation commence à prendre de l'importance dans la guerre, avion d'observation, de réglage d'artillerie, de photographie, de destruction. Cependant, cette arme moderne n'en ai qu'à son balbutiement et a de gros progrès à faire. Les avions monoplace ouverts aux vents, sont légers et fragile, mais les modèles allemands sont les plus puissants et les plus modernes (biplan bimoteur Fokker). Le tir de mitrailleuse à travers l'hélice vient juste d'être inventé.

Témoignage du lieutenant Jacques MORTANE de l'escadrille M.F. 19 : " Il est une réforme que réclament tous nos chasseurs de l'air. Alors qu'ils ne disposent que de bandes de 47 cartouches pour leurs mitrailleuses, les Allemands ont le loisir de tirer 1000 balles sans armer à nouveau. Oui, 1000 contre 47, soit 953 chances de plus de triompher dans les combats aériens. C'est un handicap que la maestria des nôtres ne peut pas toujours combler.
Pour bien s'en rendre compte, il faut voir en quoi consistent les manœuvres de la mitrailleuse à bord d'un monoplace ; une fois les 47 cartouches tirées, le pilote s'aide péniblement des genoux pour tenir son manche à balai en tâchant de maintenir l'appareil en ligne de vol. Il saisit son arme d'une main, l'anneau qui la décroche de l'autre, la rabat, retire le disque avec les deux mains, le jette dans le fond du fuselage, prend une autre bande, la place sur la mitrailleuse, arme et raccroche.
Lorsque tout va à souhait, c'est là un travail qui nécessite au moins trente secondes pendant lesquelles l'avion est à la merci de l'ennemi qui peut gaspiller ses munitions sans crainte : dame, 1000 balles ! Ces trente secondes sont un minimum rarement obtenu et pourtant elles constituent déjà un temps qui semble immémorial. Que de choses, que de drames peuvent se dérouler en une demi minute, lorsque vous êtes en face d'un adversaire attaché à votre perte !
Et combien d'inconvénients proviennent de cette inégalité dans l'armement ! Alors que l'Allemand ouvre le feu à 200 ou 300 mètres, nos pilotes sont obligés d'attendre d'être à moins de 30 mètres. Ils approchent le plus qu'ils peuvent pour perdre le moins de balles possible. Or, à 3000 mètres dans l'espace, ce sont deux volontés qui se trouvent en présence ; c'est le duel où il faut une victime. L'avantage n'est-il pas à celui qui a mille cartouches à brûler ? "

Les pilotes sont en général assez jeunes et intrépides, et bien qu'ils ne connaissent pas la vie des tranchées, ils partagent à leur manière la vie des Poilus.
Témoignage de E. LOUIS, soldat au 25e B.C.P : " Lorsqu'il ne trouvait pas de gibier, le lieutenant Navarre ne voulait pas que son vol fût inutile. Au retour, il allait distraire les poilus qui croupissaient dans les tranchées. Il avait pour eux un véritable culte. Si on lui demandait pourquoi il ne tenait pas le compte de ses victoires, il se contentait de répondre : "Est-ce que les gars d'en bas le font ? Non ! alors serais-je plus qu'eux ?"
En rentrant de croisière, il aimait à leur donner des meetings. Il y mettait tout son âme, recourant à la gamme complète de sa virtuosité pour montrer à ces malheureux qu'il pensait à eux et qu'il cherchait à les distraire comme il le pouvait. "

Depuis le début de la bataille, l'ennemi a rassemblé ses meilleurs appareils et ses meilleurs pilotes. Et depuis le 21 février, ce sont eux les maîtres du ciel de Verdun.
Témoignage de E. LOUIS, soldat au 25e B.C.P : " Un jour, d'un trou d'obus, je vois un de nos avions aux prises avec 5 avions ennemis. Se rendant compte qu'il ne peut s'échapper, l'avions français fonce soudain sur un de ses agresseurs et les deux avions s'abattent en tournoyant entre les deux lignes. Se voyant perdu, notre aviateur n'avait pas voulu mourir seul. "

Pétain entend inverser la donne et convoque le commandant de la 1ere escadrille de chasse de la 5e armée, le commandant de Tricornot de Rose. Il lui confie le commandement des 8 escadrilles réunies à Bar-le-Duc, avec la mission impérative d'égaler et de dépasser le niveau des Allemands.
En d'autres termes, Tricornot de Rose a les pleins pouvoir et une consigne simple : " Nettoyer le ciel de Verdun. "

L'aviation (Accessible également dans la partie Thèmes)

 

A partir du 9 avril, les Allemands croient que le moment est venu de produire à nouveau un gros effort, sur un front important.
Depuis le 1er avril, sur la rive droite, ils ont réalisé des assauts répétés sur les secteurs de Thiaumont, Vaux, Douaumont, bois de Morchée, mais ne sont pas parvenu à percé.
Sur la rive gauche, ils se sont heurté aux Français au bois d'Avocourt, au village de Haucourt et de Palavas en parvenue tout de même à conquérir ce dernier. Lais les gains sont maigres.

Ils redouble donc de force dans leurs actions et dans leurs pilonnages par une grande offensive du 9 au 12 avril. Le bombardement sera inouïs et les lance-flammes seront énormément employés.


Rive droite
Toute la journée, les secteurs du bois franco-boche, du bois Bride ainsi que du ravin du Monument, tenus par le 78e R.I., sont sauvagement bombardés.
Les tranchées disparaissent et les abris s'effondrent. Un grand nombre d'hommes sont commotionnés, ils sont sourds, hébétés, suffoqués. Leur visage et leur main ruissellent de sang qui coule par 1000 blessures (projection de terre, de pierre et de sable) qui se mêle à la poussière et forme des caillots affreux.

Le soir, l'ennemi se lance à l'attaque et pénètre dans la 1ère ligne françaises. Les pertes du 78e R.I. sont très lourdes (850 hommes sont mis hors de combat). Les survivants reculent mais leur résistance est acharnée et l'ennemi doit stopper.

De leur côté, la 11e compagnie du 129e sur les pentes du fort de Douaumont et le bois de Morchée, lance une attaque et parvient à progresser de 150 m. Le soir, une nouvelle attaque permet une nouvelle progression de 70 m. A sa gauche, la 4e compagnie attaque en même temps et gagne 80 m de terrain.

Rive gauche
Toute la matinée, le bombardement allemand est très violent sur la ligne allant du village d'Avocourt à la Meuse. La cote 304 et le Mort-Homme semblent être les secteurs les plus touchés.

A 12 h 30, 5 bataillons allemands sortent de leurs tranchées et prennent d'assaut les positions adverses. L'attaque couvre un espace allant du bois Camard au delà du Mort-Homme, et le village de Cumières.
L'ennemi s'empare de l'ouvrage de Lorraine, de la tranchée à l'est du ravin de la Hayette (162e R.I.), de la cote 295 (151e R.I.), des hauteurs du ravin des Caurettes (8e B.C.P.) et parvient à ouvrir une brèche de 500 m dans le dispositif français. Cependant, il ne peut pénétrer dans le village de Cumières défendu par le 94e R.I.

A l'ouest d'Avocourt, l'ennemi pénétre temporairement dans l'ouvrage de Rieux (163e R.I.) mais après plusieurs heures de combats, il doit l'abandonner. Durant ce combat, le 163e a perdu 18 officiers et 390 hommes.

Bien que l'ennemi ait progressé sur l'ensemble du front gauche, ses gains n'ont été que partiels. Le seul point important conquis est la cote 295 du Mort-Homme qui constitue un observatoire stratégique.
Si l'on regarde le nombre des forces qui sont parties à l'assaut, il semble que l'état major allemand escomptait une progression beaucoup plus importante.

Durant la nuit, de nombreux bataillons français viennent renforcer les nouvelles lignes.


Front au 9 avril 1916

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10 avril - Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
A 4 h, le 78e R.I. lance une contre-attaque devant le village de Bras. Les positions au bois Bride et au ravin du Monument, perdues la veille, sont reconquises. Seules les tranchées du bois Franco-Boche restent aux mains de l'ennemi.

A 15 h, après le bombardement allemand très violent qui dure depuis l'aube, l'ennemi attaque au saillant de Douaumont, toujours tenu par le 129e R.I. Les nombreux lance-flammes obligent les Français à se replier et à abandonner 40 m de tranchée.
A 21 h 30, une contre-attaque du 129e rétablit la situation.

Rive gauche
Les attaques allemandes de la veille se poursuivent. Entre Haucourt et le ravin de la Hayette, les ouvrages Romemont et Alsace (79e R.I.) sont perdus.

A 21 h, à l'est du Mort-Homme, le 8e B.C.P. est attaqué au lance-flamme et doit se replier jusqu'au nord du bois des Caurettes. A sa droite, le 16e B.C.P. recule également et occupe la corne nord-ouest du bois. La situation est tragique pour ces 2 bataillons

Dans la nuit, des contre-attaques sont envisagées pour porter secours au 8e et 16e B.C.P. Cependant, le 251e R.I. qui a la mission de se porter au nord du bois des Caurettes ne peut arriver à temps.

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11 avril - Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite

Le jour se lève sous un violent bombardement de l'artillerie allemande de la Meuse au fort de Vaux.

Vers 8 h, le 78e R.I. contre-attaque à nouveau sur le bois Franco-Boche et parvient à réoccuper les tranchées à la lisière du bois.

Le terrible bombardement allemand se poursuit une bonne partie de l'après-midi.

A 16 h, l'ennemi part à l'assaut du ravin de la Caillette tenu par le 36e R.I. Les hommes du 36e doivent tout d'abord abandonner leur position mais reviennent à la charge avec l'aide des mitrailleuses du 74e R.I. Les positions évacuées sont regagnées.
A l'autre bout du ravin de la Caillette, le 274e R.I. qui occupe la tranchée Hans doit également abandonner une partie de la tranchée. Une contre-attaque permet de reprendre la totalité de la tranchée et de faire de nombreux prisonniers.

Le front du 24e R.I est attaqué à maintes reprises durant la journée mais il reste inébranlable. Idem sur celui du 36e et du 129e R.I. où la tranchée Morchée est de nouveau perdue.

En fin d'après-midi, l'infanterie allemande stoppe ses manœuvres offensives et l'artillerie recommence son pilonnage quotidien sur les lignes françaises.

Rive gauche
La veille au soir, les 5e et 6e bataillons du 227e R.I. ont reçu l'ordre de reprendre le bois Carré, à proximité du village d'Avocourt.
A 8 h 30, les 2 bataillons sous les ordres du commandant Picard s'élancent. Les hommes ont une distance de 800 m à parcourir avant d'atteindre le bois, et un terrible tir de barrage barre le passage. Les 100 derniers mètres du trajet sont coupés d'un réseau de fils de fer et balayé au ras du sol par plusieurs mitrailleuses allemandes.

Quand l'assaut est donné, les 150 hommes s'élancent entre les éclatements. Ceux qui parviennent à passer sont littéralement fauchés, mais ils poursuivent leur course.
Electrisés par la charge héroïque des hommes qu'ils ont face à eux et qui se rapprochent rapidement, les Allemands quittent peu à peu leur poste de combat et s'enfuient vers l'arrière. Finalement, une poignée de Poilus prennent d'assaut la tranchée allemande et s'y maintiennent.
Une lutte à la grenade s'engage alors toute l'après-midi entre la tranchée reconquise et quelques poches de résistance allemandes. Mais la situation ne change pas.
Le soir, le bombardement allemand reprend, ajoutant de nouvelles victimes dans le camp français déjà très lourdement éprouvé.
Témoignage du commandant Picard : " Expliquer comment la moitié du bataillon arrive tête baissée sur la tranchée allemande qui borde au sud le bois Carré, saute dedans, en ressort en hurlant pour s'arrêter enfin à quelques mètres de la deuxième tranchée sous le feu crépitant des mitrailleuses, cela est au-dessus de les forces. Mais si tout l'objectif n'était pas atteint, du moins nous étions chez l'ennemi, dont les cadavres et les blessés remplissaient tranchées et boyaux…
Tout l'après-midi, luttes à la grenade.
Avec la nuit, tombe une pluie mêlée de neige. Le bombardement s'accroît. Notre dépôt de grenades prend feu, puis c'est notre dépôt de fusées qui s'enflamme. Sous ce feu d'artifice, les appels et les gémissements de nos blessés nous semblent plus tragiques encore.
Oh ! la guerre, la guerre au hideux visage !…on ne la voit que là, sur la ligne de feu, quand on piétine dans le sang. Le P.C. d'un colonel, c'est déjà l'arrière. "

Témoignage d'un inconnu : " " Les compagnie du 5e bataillon du 227e, parties à l'effectif de 150, ne comptaient plus, en moyenne, que 45 hommes à la relève ; les deux tiers des officiers étaient tués.
Relevés deux jours après, les débris du bataillon allaient au repos à Récicourt.
Ce qu'avaient fait le commandant Picard et ses hommes était connu de tout le secteur. Sur leur passage, tous les poilus faisaient la haie. Jamais je n'ai entendu acclamations pareilles "

A l'est du Mort-Homme, la lutte désespérée du 8e B.C.P. se poursuit toute la journée. Le soir, le bataillon "n'existe plus " …

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12 avril - Lutte des pentes sud de Douaumont (rive droite)
Rive droite
Violents combats entrecoupés de vifs bombardements dans la région Vaux-Douaumont.

A 18 h, 2 attaques allemandes sont repoussées sur l'antenne de la tranchée de Douaumont.
A 22 h 30, une contre-attaque du 36e et du 129e R.I. sur le tranchée Morchée se solde par un échec.

Rive gauche
A 4 h, le 16e B.C.P. très éprouvé par ses combats des 2 jours précédents sur le bois des Caurettes, parvient à repousser une nouvelle attaque.

 

La grande offensive allemande débutée le 9 n'a donc pas donnée de résultat. Le haut commandement allemand renonce donc momentanément aux grandes attaques générales sur de grands fronts. Il entend maintenir un bombardement aussi intense que celui déjà en place, et se livrer à des attaques locales, fréquentes, violentes, étroites et profondes. De nombreux renfort à l'arrière étant prêt à exploiter le moindre succès. Le but est d'user petit à petit l'ennemi.

A l'inverse, du coté français, bien que le général Pétain pense que le bon moment pour l'offensive ne soit pas encore venu, il commence à songer à passer à l'action. Il demande au général Nivelle, qui commande alors le 3e corps d'armée, et qui jouera plus tard un rôle important dans l'histoire de la bataille de Verdun, d'étudier une attaque de grande envergure visant à reprendre le fort de Douaumont.
Témoignage du général Pétain : " Au début du printemps, les Allemands conservaient sur nous une grande supériorité de moyens. Aussi ma conviction restait-elle entière que nous n'étions pas mûrs pour les grandes ripostes.
Conformément à mes instructions, le général Nivelle étudiait et préparait méthodiquement la reprise du fort de Douaumont sans rien brusquer et en se tenant prêt à exploiter les circonstances propices…
… Les Français ne peuvent s'en tenir à une défensive passive et se résigner à reculer un peu chaque jour, car chaque mètre en profondeur a sa valeur ; on n'a pas derrière soi une zone profonde où l'on puisse reculer indéfiniment ; il faut absolument empêcher les Allemands d'atteindre la crête Souville-Saint-Michel (à 2 km au nord-est de Verdun), d'où ils pourront pointer directement leurs pièces sur Verdun. D'autre part, un recul continu affecterait péniblement le moral des défenseurs. Il est d'ailleurs prouvé qu'on perd plus de monde dans la défense que dans l'attaque bien préparée et bien appuyée. "

Pour cela, Pétain réinsère une fois de plus à Joffre sa demande de nouvelles troupes : " L'envoi de nouvelles unités est nécessaire. Je demande avec insistance que ces nouvelles unités soient choisies parmi celles qui n'ont pas encore paru sur le front de Verdun. La violence et la continuité du bombardement, la difficulté des liaisons et des ravitaillements, l'importance des pertes subit suffiraient à expliquer l'usure très accélérée des troupes qui sont appelées à un second séjour sur un front aussi périlleux.
Il est à remarquer que les troupes qui reviennent au front pour la seconde fois ont été reconstituées à l'aide de la classe 1916 ; ces recrues n'ont jamais vu le feu et l'on constate qu'elles se laissent impressionner par le bombardement auxquelles elles sont soumises, plus que les contingents anciens. "

" Mon coeur se serrait, quand je voyait aller au feu de Verdun nos jeunes gens de vingt ans, songeant qu'avec la légèreté de leur âge ils passeraient trop vite de l'enthousiasme du premier engagement à la lassitude provoquée par les souffrances, peut-être même au découragement devant l'énormité de la tâche à accomplir.
Du perron de la mairie de Souilly, mon poste de commandement si bien placé au carrefour des chemins conduisant vers le front, je leur réservais ma plus affectueuse attention quand ils montaient en ligne avec leurs unités : cahotés dans les inconfortables camions ou fléchissant sous le poids de leur appareil de combat quand ils martchaient à pieds, ils s'existaient à paraître indifférents par des chants ou des galéjades et j'aimais le regard confiant qu'ils m'adressaient en guise de salut.
Mais quel découragement quand ils revenaient, soit individuellement comme éclopés ou blessés, soit dans les rangs de leurs compagnies appauvries par les pertes ! Leur regard insaisissable semblait figé dans une vision d'épouvante : leur démarche et leurs attitudes trahissaient l'accablement le plus complet ; ils fléchissaient sous le poids de souvenirs horrifiants ; ils répondaient à peine quand je les interrogeais et, dans leur sens troublés, la voix goguenarde des vieux poilus n'éveillait aucun écho."

Ce dernière témoignage du général Pétain permet de mieux cerner l'homme. Un général de guerre se doit par devoir, de ne pas songer ni imaginer les souffrances subit par les combattants. Il doit conserver une imagination abstraite afin de mener à bien et dans les meilleurs conditions son rôle de commandement. Sans pour autant être un bourreaux sanguinaire, un général ayant une telle bataille en charge, à la mission inexorable d'envoyer des hommes au combat, et de leur demander l'impossible. Ses considérations "sentimentales" sont généralement réservées aux poètes ou aux écrivains.

La guerre de 14-18 a souvent le cliché de généraux envoyant à la morts des milliers d'hommes pour la reconquête de positions minimes et désuètes, et cela, pour servir leur gloire personnelle. Ca a été en effet une réalité.
Cependant, le général Pétain n'était pas de ceux là. Il avait réellement une grande considération pour ses hommes, et du début à la fin de son commandement, tout en sachant les événements incroyables et les difficultés énormes qu'il a dû surmonter, il a toujours essayé dans la mesure du possible, de ménager les combattants de Verdun.

Témoignage de Franck ROY, soldat au 266e R.I. : " Il y a dans les rangs beaucoup de jeunes des classes 16 et 17, trop jeunes pour supporter de pareilles épreuves. Quand les chefs font leur ronde, il arrive souvent qu'ils trouvent les guetteurs endormis, même quand la neige tombe. Ils sont là, à demi couverts de neige, à demi congestionnés, et dormant cependant à poings fermés. "

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13 avril
Rive droite
A 9 h 30 et à 16 h, 2 nouvelles attaques allemandes sur l'antenne de la tranchée Douaumont sont mises en échec.

Rive gauche
" Journée calme "

.

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14 avril
Rive droite
A l'intersection de la tranchée de Morchée et le boyau Vigoureux, des combats à la grenade sont constants. En 9 jours, la tranchée Morchée est passée 3 fois d'un camp à l'autre. Elle reste finalement aux mains de l'ennemi.
Le fort de Vaux et ses abords sont pilonnés sans relâche.

Rive gauche
A 16 h 45, 2 compagnies du 287e R.I. partent à l'attaque de la cote 295 au Mort-Homme, perdue le 9 avril. Cependant, elles ne parviennent qu'à reprendre un petit poste avancé.
Exposées ensuite aux tirs des mitrailleuses allemandes trop dangereusement, les 2 compagnies attendent la nuit et regagnent leurs positions.

Pendant la nuit, la 37e D.I. (2e et 3e zouaves, 2e et 3e tirailleurs) commence à relever la 76e (157e, 163e, 210e et 227e R.I.)

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15 avril - Tentative française pour se rapprocher du fort de Douaumont (rive droite)
Rive droite
A 18 h 10, la 1ère attaque visant à se rapprocher du fort de Douaumont est lancée. Les objectifs sont les tranchées allemandes de 1ère ligne entre le ravin de la Caillette et celui de la Fausse-Cote, au sud-est du fort.

A gauche, le 140e et 210e R.I. atteignent le boyau Hans et font 28 prisonniers.
Au centre, le 36e R.I. qui part des tranchées Hauteville et Driant, rencontre assez rapidement une forte résistance. Par 3 fois, il tente une percée mais sans succès. Le 2e bataillon parvient néanmoins a reprendre un élément de tranchée.

Témoignage du général Pétain : " Une terrible lutte se poursuivait dans le ravin de la Caillette entre Souville et Douaumont. Les bataillons de la division Mangin y progressaient pied à pied, avec une obstination que rien ne décourageait, et s'accrochaient méthodiquement aux éperons s'élevant vers le fort de Douaumont : ils avaient reçu la mission d'enserrer l'ouvrage et de s'en rapprocher par un travail de sape, afin de réduire au minimum la distance d'assaut.
Leur courage et leur endurance, pour mener à bien cette besogne entre toutes difficiles, dépassaient nos espoir et rien n'était réconfortant comme de les voir, de l'observatoire de Souville, gagner quelques pouces de terrain et organiser aussitôt la défense de leur amorces de tranchées… sous le feu impitoyable des engins modernes, dans l'atmosphère méphitique des gaz, sous la menace des " lance-flammes "…
Car l'ennemi ne restait point passif : sur chacun des tentacules qui s'avançaient vers lui, il entretenait un tir de destruction systématique, avec ses minenwerfer et ses mortiers, puis il lançait les uns après les autres des détachements d'assauts. Des prises d'armes furieuses se déroulaient alors entre ces groupes de soldats, d'une bravoure égale, qui se disputaient le sol lambeau par lambeau, comme si les destinées de leurs patries respectives se jouaient vraiment sur ces infimes espaces. "

Rive gauche
Il pleut sans interruption. Le terrain n'est plus qu'un immense bourbier.

Témoignage du soldat Jules GROSJEAN : " Je crois n'avoir jamais été aussi sale. Ce n'est pas ici une boue liquide, comme dans l'Argonne. C'est une boue de glaise épaisse et collante dont il est presque impossible de se débarrasser, les hommes se brossent avec des étrilles. Par ces temps de pluie, les terres des tranchées, bouleversées par les obus, s'écroulent un peu partout, et mettent au jour des cadavres, dont rien, hélas, si ce n'est l'odeur, n'indiquait la présence. Partout des ossements et des crânes. Pardonnez-moi de vous donner ces détails macabres ; ils sont encore loin de la réalité. "

Témoignage du soldat Louis CORTI du 30e R.I. : "Il a plu et la boue a envahi tout le secteur. Cherchant un abri, un homme s'est jeté dans le boyau, et la boue est aussitôt montée jusqu'à sa ceinture.
Il demande de l'aide ; 2 hommes lui ont tendu leurs fusils, mais ils ont glissé et vite, ils ont repris place dans la colonne qui passe tout près, sourde aux supplications de l'enlisé qui s'enfonce, sans secours.
Car on meurt de la boue comme des balles. Des blessés sont engloutis dans ce marais perfide. Ici, c'est la boue qui obsède, la boue glissante et liquide, l'affreuse boue Meusienne soulevée, piétinée, tassée par des centaines de milliers d'hommes, de chevaux, de voitures.
Une mer de boue jaune qui pénètre jusqu'à la peau, elle réussit à se glisser sous les planches et les couvertures. Nous vivons sous la boue, nous voyons de la boue partout, et des cadavres, des cadavres, et encore de la boue, et encore des cadavres. On a appris à vivre dans la terre avant de mourir."

A 20 h, l'artillerie française fait échouer une attaque allemande partie en direction du Mort-Homme.

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16 avril
Rive droite

A 4 h 40, profitant d'un épais brouillard, l'ennemi prend d'assaut les tranchées qu'il a perdues la veille au sud-est du fort de Douaumont. Les Français sont délogés et repartent sur les positions qu'ils occupaient la veille.
Un tir de barrage d'une extrême violence interdit ensuite toutes ripostes françaises.

Rive gauche
R.A.S.

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17 avril
Rive droite

Dès l'aube, violent bombardement des positions tenues par les 62e et 116e R.I. Vers 7 h, la situation devient tragique.
A 10 h, les Allemands partent à l'attaque en grand nombre et parviennent en milieu d'après-midi, à s'emparer des 1ères lignes tenues par le 62e et le 116e R.I. Par cette manœuvre, ils deviennent maîtres de la carrière d'Haudraumont, des tranchées Derrien, Morchée et Rivalain.

De son côté, le 9e B.C.P. en ligne entre la ferme de Thiaumont et le fort de Douaumont, repousse plusieurs attaques.

Durant la journée, le bombardement allemand est très meurtrier pour de nombreux régiments. Particulièrement pour le 19e R.I. devant Thiaumont (dont un bataillon sera pratiquement décimé en fin de journée), et pour le 118e au bois de Nawé.

Dans la nuit, 1 bataillon du 62e R.I. et un du 328e R.I. contre-attaquent pour tenter de dégager le plateau nord du ravin de la Dame. L'attaque ne parvient pas à percer.

Rive gauche
R.A.S.

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18 avril
Rive droite
Dans l'après-midi, le 116e R.I. parvient à reconquérir la tranchée Derrien qu'il a perdue la veille.

A 15 h 15, la 9e B.C.P. attaque la tranchée Morchée, perdue la veille et parvient à en chasser l'ennemi. Il repousse ensuite plusieurs retours offensifs.

A 18 h 30, les Allemands débouchent de la carrière d'Haudraumont et du ravin Bras et contre-attaquent la tranchée Derrien reprise le matin par le 116e R.I. Les Français doivent réévacuer les lieux.

Rive gauche
Le 154e R.I. part à l'assaut de la tranchée de Westphalie et s'avance de 200 m en faisant 50e de prisonniers.

Témoignage : " Le sergent Leclaire, du 54e R.I., après avoir progressé avec une dizaine d'hommes dans les goyaux, se trouve en face d'un barrage défendu par un fort groupe d'Allemands armés de grenades.
Ménager de la vie de ses hommes, Leclaire préfère s'exposer seul au danger. Il s'avance à découvert et, faisant usage des quelques mots d'allemand qu'il connaît, somme l'ennemi de mettre bas les armes.
Les Allemands hésitent ; Leclaire sent qu'ils redoutent un traquenard ; il franchit les mains vides, le barrage, et leur enjoint à nouveau de se rendre ou de se retirer. Faisant preuve d'un sang-froid remarquable, il enlève à l'un de ses adversaires sa patte d'épaule pour pouvoir rendre compte plus tard du numéro du régiment qui nous était opposé.
L'ennemi refuse d'obéir à ses ordres. Leclaire repasse en deçà du barrage, prévient les Allemands de son intention, retrouve ses hommes toujours à l'abri, se lance à leur tête à l'assaut, tue tous les défenseurs du barrage et continue à progresser. "


Des reconnaissances allemandes sont repérées vers les Eparges. Les tirs venant des tranchées françaises les renvoient assez facilement dans leurs lignes.

Toute la journée, le duel d'artillerie est intense des 2 côtés du Mort-Homme.

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19 avril - Tentative française pour se rapprocher du fort de Douaumont (rive droite)
Rive droite
A 2 h, le 116e R.I. tente à nouveau une percée en avant. Il parvient à atteindre la tranchée Balfourier qu'il doit réévacuer aussitôt. Il fait une nouvelle tentative à 5 h mais ne parvient pas à avancer.

Dans l'après-midi, le 19e R.I. essaie à son tour un assaut pour reconquérir les tranchées Rivalain et Derrien. Quand le départ est donné, il ne peut sortir de ses positions car le feu allemand est trop intense.

A 17 h, le 120e R.I. reprend l'attaque commencée le 15 avril au sud du fort de Douaumont pour tenter de s'en approcher.
A 20 h, il est parvenu à reprendre un fortin devant Vaux. Le bilan est de 250 ennemis tués, 200 prisonniers, 6 mitrailleuses et 1 lance-flamme.

Rive gauche
Les Allemands qui ont reconnu le terrain la veille, lancent une attaque assez importante sur les Eparges.
Ils parviennent à forcer la 1ère ligne française mais une contre-attaque menée un peu plus tard, les rejette en partie.

Témoignage de Pierre JOULAIN, soldat au 66e R.I. : " Nous sommes partis d'Esnes à la nuit tombante, le 19 avril, pour monter en ligne. Combien de morts sur notre trajet ? Des centaines sûrement. En sortant d'Esnes, une section entière était là, comme endormie pour toujours, tous les hommes plus ou moins déchiquetés. Notre file indienne, avec tous ses arrêts forcés par les éclatements, ne put arriver qu'à deux heures du matin au secteur pour remplacer les deux ou trois poilus survivants.
A la question : "Où sont les Boches !" ils vous répondent "A quarante mètres ; vous ne serez pas longtemps avant de les voir". "


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20 avril - Lutte pour le cote 295 du Mort-Homme (rive gauche)
Rive droite
Dès l'aube, le bombardement allemand recommence sur tout le secteur et augmente en intensité jusqu'à 18 h.
A 18 h 30, l'ennemi attaque la tranchée Morchée tenue par le 9e B.C.P. Il est repoussé à la grenade. Les hommes du 9e B.C.P. attaquent à leur tour et d'un magnifique élan, parviennent à reconquérir les éléments perdus le 17 avril.

En même temps, l'ennemi se porte à la droite du 9e B.C.P. sur le front du 18e B.C.P. (au sud de Douaumont). Il parvient à pénétrer dans le dispositif français.

Une contre-attaque rapide et violente concertée entre le 9e et 18e B.C.P. chasse les Allemands. Bien que certains points soient restés aux mains de l'ennemi, la situation est rétablie et de nombreux Allemands sont capturés.

Toute la journée, l'artillerie française a pilonnée le fort de Douaumont avec force, en guise de préparation pour la nouvelle attaque du fort prévue le 22 avril.

Au soir, la 28e D.I. (22e, 30e, 99e et 416e R.I.) relève la 22e (19e, 62e, 116e et 118e R.I.) très éprouvée.

Rive gauche
Un bataillon du 306e, un du 150e et un du 154e R.I. reprennent l'attaque ratée qui avait été entreprise le 14 avril sur la cote 295 (au Mort-Homme). L'assaut qui est fixé pour 17 h 30 est précédé d'un tir de préparation de l'artillerie française assez efficace.

A l'heure H, les 3 bataillons s'élancent. Le 154e parvient à reprendre la tranchée Guiborat et la tranchée Corse en faisant 44 prisonniers.
Le 150e et le 306e R.I. enlèvent l'ouvrage des Poutres et la tranchée Garçon. Ils poursuivent ensuite leur progression et s'établissent sur les pentes nord de la cote 295.

L'ennemi qui juge sa situation devenue dangereuse, évacue le sommet de la côte.
Témoignage du commandant P… : " Très souvent, les Allemands ont abandonné, d'eux-mêmes, des positions conquises par eux ; ils avaient les prisonniers et les renseignements qu'ils désiraient, ils s'en allaient sans regret d'une position mal placée, dont la défense leur eût imposé des pertes inutiles.
Il semble que de notre côté, trop souvent, nous n'ayons pas montré la même largeur de vues, la même intelligence. Tout terrain conquis devenait sacré, toute position ancienne, même indéfendable par suite d'une avance de l'ennemi, devait être conservée coûte que coûte. C'est, croyons-nous, le maréchal Pétain qui, le premier chez nous, a rompu avec ces funestes errements. Mais il n'a pas toujours été compris, du moins aussi vite qu'il eût été désirable, par ses subordonnés."

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21 avril - Lutte pour le cote 295 du Mort-Homme (rive gauche)
Rive droite

A 4 h, le 3e bataillon du 107e R.I. attaque par surprise et reprend la tranchée Moisson, le boyau Nourrisson et une partie du boyau Bablon. Il fait 40 prisonniers et délivre 2 médecins, 2 officiers et 50 hommes.

A l'aube, le 18e B.C.P. attaque rapidement et reprend en quelques minutes la totalité des éléments perdus la veille (secteur de la tranchée Morchée).

Le 3e bataillon du 138e R.I. attaque vers le bois franco-boche mais sans succès.

Dans la nuit, la 14e D.I. (35e, 42e, 44e et 60e R.I.) relève la 6e.
La 48e (170e, 174e R.I.) relève la 4e (9e et 18e B.C.P., 120e, 147e et 328e R.I.).

" Le 120e R.I., qui est relevé dans la nuit du 21 au 22 avril, a perdu 35 officiers et 998 hommes en 5 jours. "

Rive gauche
Sur les pentes nord de la cote 295, les 150e, 154e et 306e R.I. fortifient leurs positions et progressent à la grenade entre la tranchée Corse et l'ouvrage du Trapèze (au sud-ouest de la cote 295).
Plus tard, le 154e R.I. repousse une contre-attaque avec lance-flammes.

Entre la cote 257 et le Mort-Homme, le 161e R.I. repousse une attaque allemande.

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22 avril - Lutte sur les pentes de Vaux-Douaumont (rive droite) - Pression allemande rive gauche
Rive droite
La lutte continue dans les secteurs de Douaumont et de Vaux.
Le bombardement allemand ne perd pas de son intensité.
Les morts et les blessés sont continuels.

Rive gauche
Durant la nuit et toute la matinée, le bombardement allemand s'intensifie sur tous les secteurs.

A 13 h, il devient intense sur le bois Eponge et le Mort-Homme.

A 16 h 15, l'ennemi se lance à l'attaque de ces 2 positions.
Pendant 2 h, 6 tentatives viennent se briser devant les lignes françaises. Les assaillants tombent les uns sur les autres sans qu'aucun ne parvienne à atteindre le parapet des tranchées françaises. Le canon des fusils des défenseurs est porté au rouge tellement la cadence de leur tir est rapide.
Il semble que les dernières vagues allemandes à s'élancer l'ont été de force.

Bien que la ligne soit sauve, de nombreuses victimes sont à déplorer du côté français. Beaucoup d'hommes, dans l'ardeur du combat, se sont découverts pour mieux mettre en joue leurs ennemis.

Dans le secteur de la cote 295, les Français poursuivent les attaques à la grenade sur la tranchée Corse et la tranchée Garçon.

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23 avril - Lutte sur les pentes de Vaux-Douaumont (rive droite) - Pression allemande rive gauche
Rive droite
Journée identique à la veille, passée sous le bombardement

.

Rive gauche
Dans la nuit, une attaque allemande vers la cote 304 échoue.

Dans la journée, de petites reconnaissances ennemies devant le bois Eponge ainsi qu'au bois d'Avocourt sont repoussées par les Français.

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24 avril - Lutte sur les pentes de Vaux-Douaumont (rive droite) - Pression allemande rive gauche
Rive droite
La lutte continue dans les secteurs de Douaumont et de Vaux.
Le bombardement allemande ne perd pas de son intensité.
Les morts et les blessés sont continuels.

Rive gauche
Durant cette journée, plusieurs attaques allemandes sont lancées sur le front français mais elles sont toutes repoussées :
- à minuit ;
- à 2 h, sur le front du 154e R.I. qui part ensuite à la contre-attaque (1er bataillon) et progresse de 200 m dans la tranchée Corse et de 300 m (3e bataillon) dans la tranchée de Westphalie où il s'organise solidement.
- à 4 h ;
- dans l'après-midi, l'une face à la cote 304, l'autre face au Mort-Homme.
- le soir, sur la tranchée Corse et de Westphalie que l'ennemi a perdu en partie le matin.
- à minuit et à 2 h (le 25 avril)

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25 avril
Rive droite
R.A.S. pendant la journée.

Témoignage de Jean MEIGNEN, soldat au 174e R.I. : " Nous prenons position en avant de la ferme de Thiaumont. Quand le jour se lève, au matin du 25 avril, je ne puis me défendre d'une sensation d'horreur et d'épouvante quand je vois qu'à l'endroit que j'occupais, le parapet est en partie formé de cadavres et que toute la nuit, je me suis appuyé sur des godillots qui émergeaient, en laissant couler une boue infecte, mélange de sang, de pourriture et de terre. "

Le soir, le général Pétain est nommé au commandement de l'armée de Verdun.

Rive gauche
La progression du 154e R.I. entamée la veille dans la tranchée Corse se poursuit.

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26, 27 et 28 avril
Rives droite et gauche
La lutte continue dans tous les secteurs, le bombardement allemand est toujours très violent.

Témoignage du capitaine R. LISBONNE du 154e R.I. : " A mes pieds un sergent que je ne reconnais pas, la colonne vertébrale brisée, crie qu'il ne sent plus ses jambes et ne cesse sa plainte lamentable : "Mon capitaine, achevez-moi ! prêtez-moi votre revolver !" J'étais monté le 13 avril avec 3 lieutenants, 2 adjudants et 200 hommes ; je redescends le 26, blessé, avec un adjudant et 53 soldats. "

Témoignage de Jean MEIGNEU, soldat au 174e R.I. : " Nous montons en ligne quelque part entre Douaumont et Vaux, le 26 avril. Ma première impression en arrivant fut que les occupants nous cédaient la place avec empressement et enthousiasme. Voici le dialogue qui s'est engagé avec le poilu que je relevai :
- Est-il mauvais, le coin ?
- Et bien, mon vieux, oui, ça chie.
- Où sont les Boches ?
- Mon vieux, ils sont devant, et puis démerde-toi. "

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29 avril
Rive droite
Idem que les jours précédents.

Rive gauche
La journée débute sous le bombardement allemand par obus de 150 et 210.

Le 154e R.I. poursuit son effort sur la tranchée Corse et enlève cette fois-ci vers 18 h 20, 1500 m de la tranchée en faisant 53 prisonniers. Il est aidé ce jour-là par des éléments du 161e R.I.

Pratiquement tout le terrain que l'ennemi avait conquis le 19 avril a été repris par les Français.

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30 avril
Rive droite
Idem que les jours précédents.

Rive gauche
Au nord de Cumières, la 23e compagnie du 251e R.I. repousse 3 attaques allemandes à 4 h 30, à 11 h et à 18 h 30.

A 19 h 30, une de ses compagnies contre-attaque et parvient à reprendre la tranchée Servagnant et le saillant du Verger.

La 22e compagnie du 251e R.I. a pour ordre de reprendre le sommet du Mort-Homme.
Après de sévères combats à la grenade, elle parvient à se fortifier au sommet.

Du 26 février au le 30 avril, les pertes humaines du côté français s'élèvent à 58 000 blessés (920 par jour) et à 49 000 morts (777 par jour).

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