L'état du front français à Verdun


Au début de l'année 1916, l'état du front français dans la région de Verdun est pitoyable :

- Les 1ère lignes ne sont qu'une suite de tranchées en grande partie éboulées et ne formant pas une ligne continue. Leurs parapets sont étroits et leurs créneaux trop espacés.
Le réseau de fil de fer barbelé est peu dense et en très mauvais état. En certains endroits, il est remplacé par de simples haies en bois, à d'autres, il n'y a rien du tout. Par exemple, l'espace entre le bois d'Haumont et le bois des Caures est pratiquement libre, en cas d'attaque subite, l'ennemi n'aura même pas à réaliser une brèche.
Les postes d'observation sont trop peu nombreux, mals placés, ils n'offrent pas une vision suffisante et efficace.
Les abris et les sapes sont peux profonds et ne protégent que des éclats d'obus. Ils ne peuvent en aucun cas supporter un violent et puissant bombardement. Quelques cavernes ont été creusées mais elles ne sont pas volumineuses et ne disposent que d'une seule issus ;

- Les secondes lignes sont un peu mieux réfléchies et dessinées, mais elles sont trop espacées et totalement laissées à l'abandon. Un gros travail est nécessaire pour les remettre en état ;

- En arrière, les villages sont quant à eux organisés assez logiquement mais insuffisamment. Les liaisons entre chacun d'eux et vers les lignes de front sont dérisoires.
Un seul boyau étroit relit le village de Forge à la côte de l'Oie. Quelques boyaux seulement, ne bénéficiant d'aucune protection, partent de Forge vers l'avant. C'est un espace totalement libre entre le village de Brabant et le village de Consenvoye.
Les jumelages (2 tranchées parallèles pour la montée des renforts et l'évacuation des troupes et blessés) sont inexistants.
Les postes de commandement solidement organisés et placés à des endroits stratégiques font cruellement défaut.

Ces manquements aux règles élémentaires de la guerre de tranchée, qui dure déjà depuis un an, ne passent pas inaperçu pour tout le monde.
Le général Chrétien (commandant du 30e Corps), dès que la région fortifiée de Verdun lui est confiée, visite ses lignes et envoi une lettre à Paris fin 1915, faisant état de ces graves malveillances. De son coté, le général Becher, adjoint du général Chrétien, constate et signale les même imperfections.
Enfin, le colonel Driant, défenseur du bois des Caures, ne cesse en janvier et février 1916 de demander des troupes et du matériel pour remettre en état et renforcer son secteur.
Toutes ces réclamations resteront sans suite, la raison invoquée est qu'il n'est pas nécessaire de renforcer ce secteur puisqu'il est calme et que les All. n'attaqueront pas ici.