Le casque " Adrian " :

 

Avec la guerre de position et l'augmentation dramatique des blessures à la tête, il faut songer à protéger la tête des soldats. Le 21 février 1915, le port d'un casque est donc adopté pour toute l'infanterie.

La cervelière :

En attandant, le sous-intendant Adrian propose une calotte métallique à insérer dans le képi.
Dans l'urgence, et faute d'autres propositions, l'intendance passe commande de 700 000 de ces calottes, livrable dés le 10 mars.


Elles sont proposées en 3 tailles, la petite d'un diamètre de 17 cm et repérée par une marque bleu, la moyenne d'un diamètre de 18 cm et sans marque, la grande d'un diamètre de 19 cm et repérée par une marque rouge. Cependant, la majeure partie de la production ne concerne que la taille moyenne, la petite et la grande taille ne formeront que 15% chacune de la production totale.
Rapidement, le constat est fait qu'il est assez difficile de placer la cervelière sous la basane du képi, comme le stipule le règlement. De plus, elle est très inconfortable et occasionne des maux de tête. Elle est donc très souvent portée à même le crâne ou directement par-dessus le képi, inclinée vers l'avant..
La cervelière ne rencontre finalement pas l'engouement escompté et elle est souvent reléguée en "ustensile de cuisine" ou"récipient à munitions" !

 

Le casque Adrian 1er type :

C'est donc le 21 février 1915 que le port d'un casque a été adopté pour toute l'infanterie. Mais ce n'est que le 13 avril que le sous-intendant Adrian est en mesure de présenter un prototype au général Joffre. Le 21 mai, il est adopté et aussitôt mis en production. Les premières distributions ont lieux à la mi-août et s'intensifient pendant le mois de septembre. Les troupes qui participent à l'offensive de Champagne du 25 septembre en sont pourvues.

Au 23 décembre, toutes les armées sont pourvues, soit 3.125.000 casques distribués en un temps record

 

Il est fabriqué à partir d'une plaque de 33 cm de diamètre, et de 7 dixièmes de millimètres d'épaisseur, emboutie à froid. A cette plaque, est ajouté un cimier, et 2 visières avant et arrière soudées ensemble. Assez rapidement, la soudure entre les 2 visières est renforcée de rivets qui, selon les fabricants, sont positionnés soit verticalement soit en oblique.
L'intérieur est muni d'un rembourrage de cuir à 7 dents d'un seul morceau. Il est possible pour les mois d'hivers, d'ajouter un rembourrage supplémentaire de tissu qui se place entre le rembourrage de cuir et le casque.

Une jugulaire également de cuir permet de maintenir le casque sous le menton (quand elle n'est pas utilisée, la jugulaire est ramenée sur le dessus du casque).

Il est disponible en trois tailles, A, B et C, elles même divisées en 3 tailles de tour de tête, 54, 58 et 64. Soit 9 tailles en tout. Il pèse entre 670 et 750 grammes. Il est recouvert d'un vernis bleuté, dit " gris artillerie ", qui est la couleur du fameux canon de 75.

 

Visières non rivetées (très rare)
Visières rivetées verticalement

Visières rivetées obliquement

 

La jugulaire
Intérieur fait d'un seul morceau de cuir

 

Casques Adrian 1915

 

Sur le devant du casque est placé un signe distinctif : une grenade pour l'infanterie de ligne, deux canons croisés pour l'artillerie, une ancre pour l'infanterie coloniale, une cuirasse et un port de tête pour le génie, un cor pour les chasseurs, un caducée pour les services de santé, une croix rouge sur casque blanc pour les infirmiers. Suivant les fabricants, le détail de ces insignes est plus ou moins marqué.

 

Le couvre casque :

Dès la mise en service massive du casque Adrian, il apparaît que la couleur employée n'est pas appropriée pour la guerre de tranchée. La réflexion des rayons du soleil sur le vernis bleuté du casque le rend facilement repérable. De nombreux cas de soldats repérés et tués par les guetteurs allemands alors qu'ils sont au créneau sont constatés. Pour éviter au maximum d'être ainsi repérés, les soldats badigeonnent leur casque de boue.

On pense alors à les repeindre d'une peinture plus mate ou de les recouvrir d'un couvre-casque. Le 30 octobre 1915, le général Joffre opte pour la seconde solution en préconisant l'utilisation d'une couleur bleu clair ou toutes couleurs neutres tranchant le moins possible avec celle de l'uniforme. Apparaissent alors des couvres casque bleus, beiges ou kakis selon les opinions, certains officiers estimant que la couleur la meilleure est le kaki, qui se confond avec la terre des tranchées, d'autres pensant au contraire que la teinte semble devoir être celle du drap des capotes.

Couvre-casque

 

Le casque Adrian 2eme type :

Le 3 juin 1916, le général Joffre décide l'abandon du couvre casque en toile qui recouvre les casques Adrian depuis octobre 1915. En effet, très souvent maculés de boue, ils augmentent les risques d'infections des blessures à la tête.
Les casques en cours de fabrication subissent donc une transformation, ils sont cuits plus longtemps durant la chaîne de montage et prennent une teinte qui tend à devenir gris fer au lieu de gris-bleu. Cela a pour résultat de les rendre plus mats et moins luisants au soleil.
En ce qui concerne les casques déjà en service, une grande campagne de repeinte en bleu-terne est lancée à partir de septembre 1916, pratique qui avait tendance à être déjà réalisée au front, notamment avec la peinture destinée aux pièces d'artillerie.
Dès que l'opération de repeinture est terminée et que les nouveaux casques commencent à sortir des usines (fin 1916), il n'est plus fait usage des couvre-casques en tissu.

Nous pouvons donc considérer que le casque Adrian 2ème type existe sous 2 formes : "l'officielle" réalisée en usine ; "l'artisanal" par repeinte manuellement du casque 1er type.

De plusn dès septembre 1916, l'intérieur du casque n'est plus constitué d'une seule pièce. Chacune des 7 dents est cousue sur un bandeau séparé.

Intérieur 1916, chaque dent est cousue sur le bandeaux

Casques Adrian 1916

 

 

Casque de lieutenant (très original car son propriétaire a fait
poser 2 petites barrettes métaliques symbolisant son grade.
Pratique non réglementaire bien sur)

 

Casque de capitaine

 

Casque de général de brigade d'infanterie

 

Casque de général de brigade d'Intendance

 

 

Casque de général de division

 

Casque d'un personnel de santé muni
d'un brassard de la Croix Rouge

Les visières de protection :

Au cours du conflit, plusieurs tests sont réalisés pour tenter au maximum de protéger la figure des éclats d'obus.
Ainsi, en juin 1916, le médecin aide-major Polack propose une visière en métal qui s'adapte sur l'avant du casque Adrian. De petites persiennes au niveau des yeux permettent de voir devant soi. Les premiers essais débutent le 10 janvier 1917.

3 modèles vont successivement voir le jour de 1917 à 1918:
Le 1er modèle de visière (2ème semestre 1917) est une pièce indépendante qui s'adapte sur le casque Adrian "standard".
Le 2ème modèle (1er trimestre 1918) fait partie intégrante du casque, il est donc nécessaire de disposer d'un casque standard à côté si l'on désire ne plus utiliser la visière.
Le 3ème est le même que le second mais il est allongé de 2 cm, il ne sera jamais porté.

Cependant, il est vite constaté que cette protection n'offre qu'une visibilité très restreinte durant les combats. De plus, elle gène grandement le port du masque à gaz. Les 3 modèles fabriqués chacun à 2000 exemplaires seront finalement abandonnés et ne seront que très peu utilisés.


Visière 1er modèle


Visière 3ème modèle

 

 

C'est également en 1916 que Jean Dunand, partant du même constat qu'il est nécessaire de protéger la face du soldat, met au point un autre type de visière.
De même principe que la visière Polack, la visière Dunand se fixe sur l'avant du casque Adrian à l'aide de vis mais elle a l'avantage de s'adapter à toute les tailles de casques. Elle est composée de 2 plaques de tôle arrondies qui peuvent glisser l'une sur l'autre. Ce principe offre ainsi plusieurs hauteurs de protection suivant que l'on déploie totalement les 2 plaques ou non. Les 2 plaques sont perforées d'un grand nombre de fentes horizontales disposées en quinconces.

3 modèles vont successivement voir le jour de 1916 à 1918:
Le 1er modèle de visière est constitué de 2 plaques plates. Celle du haut est opaque et celle en dessous est perforée de très petites fentes horizontales.
Le 2ème modèle est identique au premier mis à part que les 2 plaques sont légèrement galbées et les fentes sont plus longues et moins nombreuses.
Le 3ème est constitué d'une seule plaque très bombée et entièrement perforée. Elle peut être totalement relevée.

La visière Dunand qui permet une protection du visage assez importante a l'avantage de ne pas empêcher le port du masque à gaz car elle est assez éloignée de la face. Cependant, pour les mêmes raisons que la visière Polack au niveau de la visibilité au combat, elle ne rencontre pas l'engouement escompté auprès des combattants. Il est rapidement constaté que les nombreuses fentes horizontales provoquent un malaise visuel, notamment lorsque le soldat est en mouvement.


Visière 2ème modèle

Visière 3ème modèle

 

 

D'autres protections moins "officielles" voient le jour tout au long du conflit. Elles sont souvent réalisées "à chaud" par les soldats de 1ère ligne qui sont les premiers à en imaginer l'utilité.

Par exemple, cette épaisse plaque de métal qui est ajoutée sur l'avant du casque pour protéger des tirs frontaux. Une protection sans doute utilisée par les guetteurs qui se déplaçaient en rampant pour tenter d'approcher le plus près possible de la tranchée ennemie sans se faire repérer.

 

 

Le casque Adrian de tankiste :

C'est le 16 avril 1917, au Chemin des Dames, dans le secteur de Berry au Bac que les chars d'assaut français sont utilisés au combat pour la première fois.
Le réglement stipule que le casque Adrian (avec attribut d'artillerie) doit être porté aussi bien en dehors que dans les chars. Mais à l'intérieur des véhicules, la visière avant du casque ne permet pas de s'approcher suffisamment des fentes d'observation pratiquées dans le blindage. De plus en plus d'hommes, en contradiction complète avec le règlement, prennent la décision de tout simplement couper la visière avant de leur casque, et en prennant soin de replier sur quelques millimètres le restant de la visière afin qu'elle ne soit pas coupante. De semaine en semaine, cette pratique se généralise pour devenir très fréquente en 1918.

Visière avant coupée et repliée

 

Le 15 avril, le général Etienne, directeur de l'artillerie spéciale depuis le 30 septembre, écrit donc dans une note à ses supérieurs que la visière avant du casque Adrian doit être retirée et remplacée par un bourrelet de tissu ou de cuir d'environ 1 cm d'épaisseur et allant en se rétrécissant sur les côtés du casque. Cette pièce molletonnée apporte plus de confort lorsque l'on est au poste d'observation et que le casque repose sur la paroi du char.

Cette modification devient obligatoire mais non industrialisé, et c'est de manière "artisanale" qu'elle est réalisée par les unités. Cela laisse court à de nombreuses variantes plus ou moins bien réalisées, donnant au casque une allure peu singulière et peu esthétique.


Visière avant coupée et recouverte d'un bourrelet de cuir

 

Durant l'année 1918, le général Estienne prescrit une seconde modification. Le cimier jugé trop proéminent doit être remplacé par une plaque cachant simplement l'aération. Mais ce n'est qu'après guerre, en 1919, qu'un modèle intégrera cette modification. Le bourrelet de cuir sera également monté en usine et la vièsière arrière allongée.


Modèle 1919 (sans le nouvel insigne)

 

Masque de protection des tankistes

Ce sont les Anglais, au sein du Tank Corps britannique, qui expérimentent et adoptent les premiers un masque de protection à l'usage de leurs équipages de chars. Fin avril 1918, des officiers américains viennent passer un stage dans un groupe de tankistes français, ils ont précédemment passé un stage similaire en Angleterre et ont perçu des masques. Instantanément, les officiers français sont séduits par ces protections !
Elles sont composées d'un loup en acier avec des fentes horizontales au niveau des yeux et une petite maille qui recouvre le nez et la bouche, elles s'attachent par 2 sangles qui se nouent dernière la tête, la face contre le visage est molletonnée de cuir ou de drap.
Le 3 mai, le général d'artillerie Jean-Baptiste Eugène Estienne, directeur de l'artillerie spéciale depuis le 30 septembre 1916, demande au ministre de l'armement une livraison de 2000 exemplaires, un effectif de 4 par chars. La commande est passée le 17 mai aux Anglais qui commencent les expéditions vers le France à partir du 28 juin, à raison de 600 masques par semaines. Les tests en conditions réelles sont confiés aux 3 premiers bataillons de chars légers, et bien que le masque soit assez lourd et que la vision à travers les fentes soit assez réduite et fatigante (surtout à faible distance), il offre une bonne protection contre les chocs et les brulures au visage et aux yeux. Ainsi, une nouvelle commande de 2000 masques est passée le 16 juillet 1918.
Jusqu'à la fin de la guerre, les recherches s'orientent sur une amélioration du masque, notamment au niveau de la vision qui est le point faible. Le loup et les fentes sont remplacés par des œilletons en verre étanches, ce qui améliore grandement la visibilité. Mais aucune modification ne sera actée officiellement avant l'armistice.

 

Quelques autres variantes de casque Adrian :

 


Casque d'infirmier
Casque d'aumonier

 

Les casques des pilotes aéronautiques :

Le casque de marque ROOLD dont le fabriquant se trouve à Paris, est le casque le plus utilisé par les pilotes aéronautiques du début de guerre.
Il est assez massif et monte haut sur le crane ce qui lui permet d'offrir une bonne protection. Il est confectionné en cuir et son intérieur est matelassé.

 

A partir de l'année 1917, un nouveau modèle de casque dit " casque ROOLD simplifié " commencent à faire son apparition de manière significative.


Autre modèle de casque

Bonnet d'aviateur