L'historique de la Grande Guerre

 

La guerre de mouvement :

1914

Le 28 juin 1914, à Sarajevo en Bosnie, après un premier attentat manqué, l'archiduc François Ferdinand, héritier de l'Empereur d'Autriche, et son épouse sont tués à coups de pistolet par un étudiant bosniaque nationaliste: Gravilo Princip.

Le 28 juillet, en dépit des multiples interventions diplomatiques internationales, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Sarajevo est l'ultime épisode d'une longue série de crises et de rivalités européennes, exacerbées par un inextricable jeu d'alliances et fortement stimulées par une redoutable course aux armements et aux effectifs.

 


Le 28 juillet, les diplomates cèdent la parole aux militaires. La guerre européenne est devenue inévitable, le fatal engrenage des alliances ayant parfaitement fonctionné.

Dans la plupart des rues de Paris, en cette belle matinée du 3 août 1914, les drapeaux ornent les fenêtres. Quand passent les détachements de troupes, on s'arrête, on salue et aussitôt, partent des cris : " Vive la France ! "

Au parlement, pas une voix ne manque au vote des crédits pour la guerre. La proposition des réfractaires, évaluée par les prévisions officielles à 13% des appelés, n'atteint pas 1.5%.
350 000 volontaires assiégent les bureaux de recrutement. Les Français vivant à l'étranger prennent d'assaut trains et navires pour rallier la patrie. Les individus suspects de pacifisme, dont le carnet " B " prévoit l'arrestation, supplient qu'on les envoie au feu. On voit accourir 3000 déserteurs du temps de paix qui sollicitent l'honneur de se battre.


C'est dans cette ambiance joyeuse que la Grande Guerre va commencer : 1560 jours de guerre qui coûteront, rien qu'à la France, 1.397.000 morts et 2.560.000 blessés.

Dés le départ, la guerre s'annonce comme une guerre de masse.

Effectifs des armées avant et après la mobilisation

 

La France est partagée en régions où les unités constituées dès le temps de paix stationnent. Le Service Militaire est égal pour tous, il vient d'être prolongé d'une année, et est donc de 3 ans.
Les troupes françaises sont articulées en 21 corps d'armées à 2 ou 3 divisions. Les effectifs divisionnaires varient de 15.000 à 20.000 hommes pour l'infanterie et de 5000 à 7000 hommes pour la cavalerie.
L'Armée en temps de paix est forte d'environ 750.000 hommes et passe à environ 3,6 millions après mobilisation.
En 1914, c'est le maréchal Joseph Joffre qui est à la tête de l'état major français, en 1915, il deviendra commandant en chef des armées françaises.

L'organisation allemande est à base régionale et comprend comme en France des unités d'active, de réserve et de la territoriale. Son armée active compte 870.000 hommes pour 67 millions d'habitants, partagée entre l'est (face aux Russes) et l'ouest (face aux Français). La discipline et l'entraînement y sont très poussés, la Kriegsakademie (Académie de guerre) forme des officiers d'État-Major destinés aux plus hautes responsabilités.
L'Empereur Guillaume II est le chef nominal de cette armée, qui demeure l'un des fondements physique et moral de l'Empire.
Elle est portée à environ 3,8 millions d'hommes après mobilisation, et elle va surprendre les Alliés par l'emploi de ses unités de réserve en 1ère ligne dès les premiers jours de guerre.

En France comme en Allemagne, l'infanterie est l'arme principale. Elle agit par le mouvement et par le feu. Seul le mouvement en avant poussé jusqu'au corps à corps est décisif et irrésistible. La baïonnette est l'arme suprême des fantassins.

L'artillerie de campagne française est supérieure à toutes les autres en ce qui concerne la précision et la manœuvre des feux, mais elle compte trop sur son canon de 75. Le canon de 77 allemand est inférieur en qualité à son homologue français.

L'artillerie lourde allemande est supérieure en nombre et plus efficace en portée, face à un armement français quasi inexistant dans ce domaine.
L'artillerie française se croit correctement pourvue en 1914 avec un total de 6 millions de coups. Elle ne se doute pas qu'elle tirera 250 millions de coups de canon en 51 mois de guerre et qu'il faudra produire par jour 39 000 coups d'artillerie lourde et 223.000 coups de 75. Elle ne pressent pas qu'il faudra un déploiement de canon à raison d'une pièce par 8 mètres de front, ni qu'il faudra chaque jour 1000 tonnes de munitions par km² sur le front d'engagement. Elle ignore enfin qu'elle consacrera en 1918, 35% de ses effectifs pour servir 10.100 pièces dont 7700 pièces lourdes.

Nombre de pièces d'artillerie en août 1914

 

La France lance 3 grandes offensives au début des hostilités ; en Alsace, en Lorraine et dans les Ardennes, mais ce ne sont que des échecs.
Ces premières batailles sont très sanglantes, 60.000 hommes meurent chaque mois sur le front. Au total, ce sont 360.000 hommes qui trouvent la mort au début du conflit. Si l'on examine les pertes, qui additionnent les morts, les blessés et les disparus, on arrive au chiffre astronomique de près d'un demi million d'hommes, soit un taux de pertes supérieur à celui des autres années de guerre.

Les premiers succès reviennent aux armées allemandes qui percent au nord de la France et se dirigent vers Paris. Mais les Français les repoussent jusqu'à l'Aisne, lors de la bataille de la Marne (du 5 au 10 sept. 1914). Cette première grande victoire française est liée en grande partie à l'action de la III ème Armée française qui a réussi à bloquer, aux alentours de Verdun, l'avancée de l'armée impériale du Kronprinz. Si ce dernier était parvenu à atteindre Bar-le-Duc, alors la route de Paris eût été ouverte et la bataille de la Marne perdue. A l'évidence, le rôle de pivot de la place de Verdun au cours de cette bataille a rendu la victoire possible.

Les adversaires tentent alors de se déborder, ce qui entraîne un glissement du front vers les Flandres, appelé improprement " course à la mer ". La bataille fait rage jusqu'à la mi-novembre, constamment alimentée par de nouveaux renforts français et allemands. 50.000 Français trouvent la mort, mais l'assaut allemand marque le pas et les troupes du Kaiser, où figurent nombre de jeunes allemands inexpérimentés, perdent 130.000 hommes. Le " massacre des innocents " scelle l'échec des tentatives de percées et inaugure la guerre de position.