La guerre de position ou guerre d'usure :

1915

Français et Allemands sont épuisés et manquent de munitions. Ils s'enterrent face à face dans des tranchées fortifiées, protégées de sacs de sables, de réseaux de barbelés et reliées entre elles par des boyaux. Face à la puissance de feu adverse, il devient impossible de rompre la ligne ennemie.
Au terme de trois mois de guerre de mouvement, les positions se sont cristallisées en un front stable et continu de 800 km de long depuis la Mer du Nord jusqu'à la Suisse.
C'est à l'occasion de la retraite de l'armée allemande, consécutive à la bataille de la Marne et en raison de la présence et de l'importance de la place fortifiée de Verdun, que la ligne de front prit cette forme particulière appelée : saillant de Verdun.

Le matériel de 1914, conçu pour une guerre de mouvement, est inadapté aux nouvelles formes de conflit qui tiennent plutôt du siège : pour pilonner les tranchées adverses, il faudrait des armes à tir courbe (mortiers, lance-grenades) dont les armées sont dépourvues, surtout dans le camp allié où tout manque. Pour creuser la terre, les soldats n'ont souvent que leurs mains, ils manquent de vêtements chauds. Cette saison éprouvante qu'est l'hiver 1914-1915 demeure celle des " pieds mords ", pieds pourris qu'on évacuait chaque jour par dizaines.
A Vauquois, aux Eparges, 2 secteurs situés aux deux extrémités du saillant de Verdun, le commandement français veut reprendre aux Allemands ces points hauts où ils menacent les tranchées environnantes. Les 2 armées s'affrontent à la fois sur terre (duels d'artillerie, attaques d'infanterie) et sous terre (galeries creusées sous les positions adverses que l'on tente de faire exploser, " la guerre des mines ").

En Champagne et en Artois, les offensives françaises échouent. Attaquant avec une préparation d'artillerie insuffisante, les soldats se font hacher par les mitrailleuses allemandes ; lorsqu'ils arrivent à conquérir les premières tranchées ennemies, ils ne peuvent s'y maintenir face aux contre attaques menées à coup de grenades modernes. Ces attaques, coûteuses en vies, sont lancées pour la conquête de quelques centaines de mètres.

A la fin de l'année 1915, l'avantage général revient à l'Allemagne, moins du fait de ses initiatives qu'à cause de l'échec des opérations alliées. Le front de l'ouest reste particulièrement stationnaire, malgré les grandes offensives françaises.
Pour la France, les années 1914 et 1915 ont déjà coûté près de 680.000 tués, soit, en 17 mois de combat, près de la moitié des morts français de la guerre. Le gouvernement est de ce fait, obligé d'appeler la classe 17 avec un an d'avance.