1916

Allemands et Français entendent forcer la décision sur le front occidental. Deux batailles particulièrement meurtrières marquent cette année de " guerre totale et industrielle ". La bataille de Verdun et de la Somme.

Verdun :

Voir le 1er bouton consacré exclusivement à la bataille de Verdun.

 

La Somme :

Lors de la conférence de Chantilly le 6 décembre 1915, le haut commandement allié convient d'une offensive générale pour le milieu de l'année suivante.
Une offensive franco-britannique entre Arras et l'Oise est envisagée. Le général Joffre imagine une offensive alliée d'une étendue encore jamais atteinte. En accord avec le général britannique Haig, les grandes lignes de l'attaque franco-anglaise dans la Somme sont définies.
Joffre arrête au 1er juillet la date du déclenchement de la bataille de la Somme. Du coté britannique, la direction de l'assaut est confiée à Sir Henry Rawlinson, chef de la quatrième armée.

La bataille de la Somme commence le 24 juin par une préparation d'artillerie qui dure six jours. Le 1er juillet, à 7 h 30 du matin, 26 divisions franco-britanniques, soit 100.000 hommes, passent à l'attaque sur un front de 40 km, Anglais au nord, Français au sud. Elles espèrent enfoncer les lignes allemandes, mais elles se heurtent à des troupes informées depuis longtemps de l'offensive imminente, et qui les attendent de pied ferme, solidement retranchées le long de la crête de collines calcaires et puissamment armées.

A la fin de la journée, les pertes subies par l'armée britannique s'élèvent à 57.470, dont 19.240 mortelles, pour une progression insignifiante. A sud, les Français avancent nettement plus vite, mais dans l'ensemble, cette journée est un sanglant échec.

Tirant les leçons de cet échec, les Alliés déclenchent une attaque surprise, à l'aube du 14 juillet, qui permet de capturer la deuxième ligne allemande sur une grande longueur. Les semaines suivantes, les forces franco-britanniques s'engagent dans une série d'attaques locales, transformant le combat en une véritable guerre d'usure. Toute les avancées tentées sont stoppées jusqu'en septembre.
Le 15 septembre, à Flers, les Britanniques emploient pour la première fois 40 chars d'assaut, mais un grand nombre d'entre eux n'atteignent pas la ligne d'attaque. D'autres parviennent à faire des avancées spectaculaires. Malheureusement, ces chars sont encore trop lents, peu fiables et trop peu nombreux pour avoir un effet tactique significatif.

L'offensive s'arrête à la mi-novembre sur l'ordre de Joffre, en raison du mauvais temps (les hommes s'enlisent dans une boue épouvantable) et de l'épuisement des troupes. Après vingt semaines de combats, les Alliés ne peuvent pousser le front allemand que de 12 kilomètres : il est donc impossible de justifier la longue campagne en termes de terrain gagné.
Les pertes, des deux côtés, sont énormes, estimées à près de 650.000 hommes du côté allemand, de 445.000 dans le camp anglais et de 330.000 du côté français.

Pertes humaines à la bataille de la Somme

 

 

Après l'échec de l'offensive alliée sur la Somme, Joffre est démis de ses fonctions de commandant en chef de l'armée, le 3 décembre 1916, mais reçoit néanmoins son bâton de Maréchal le 26 décembre de la même année. Il est remplacé par le général Nivelle.

1916 a été une nouvelle fois une année de grandes hécatombes, mais les pertes sont plus équitablement réparties. Pour la France, les années 1914-1915 représentent en 17 mois de combats près de 700.000 morts, soit la moitié des pertes françaises de la grande guerre. Avec la bataille de Verdun et de la Somme, le nombre des victimes ne cesse de s'accroître.
La loi du 27 avril 1916 délivrant un diplôme de " mort pour la France " pour chaque homme tué au combat veut rappeler que le sacrifice n'a pas été vain et, le 14 juillet 1916, le discours du président Poincaré, affiché dans toutes les communes, célèbre cette loi et explique que chaque soldat mort pour la France rejoint par son sacrifice le panthéon des héros morts pour la patrie.

Bien que les opérations de l'année 1916 n'aient permis à aucun des adversaires d'emporter la décision, l'espoir subsiste dans chaque camp. Mais le grand espoir de cette fin d'année 1916 vient surtout du départ de Joffre. Un nouveau généralissime est nommé, le général Nivelle, dont on attend naturellement une solution rapide et énergique au conflit afin de pouvoir goûter cette paix méritée que tous désirent après trois années de guerre.

L'année 1916 est sœur de l'année 1915: aucune solution militaire au cordite n'apparaît. De semi-échecs en demi-succès, les adversaires se trouvent de plus en plus enlisés dans la guerre mais s'accrochent toujours dans l'espoir d'une victoire qu'ils veulent décisive.
Pour cela les efforts demandés pour tenir sont multiples et engagent entièrement les nations belligérantes.
L'année 1916 s'accompagne cependant d'une profonde modification des mentalités. La France a mûri; en particulier celle qui se bat sur le front, une maturité pas toujours mesurée avec justesse par les autorités civiles et militaires: 1917 en apportera le preuve.